Évolution récente de la lagune de la Belle Henriette

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Progressivement formée au cours du XXe siècle, la Belle Henriette est l’une des dernières véritables lagunes de la côte atlantique. En 2014, après un siècle d’évolution mouvementée, elle s’est naturellement reconnectée à l’océan et évolue désormais au gré des influences marines.

 

Des années 60 à 70

Jusqu’aux années 70 la lagune est connectée à l’océan et fonctionne un peu comme une immense « baïne ». À marée montante, l’eau de mer rentre dans la lagune et à marée descendante, elle ressort vers le large avec un fort courant. Dans les années 60, l’accès à Grand plage se fait d’ailleurs via une passerelle.

1972, une année charnière

En 1972, la commune décide alors de sécuriser la situation en fermant la lagune à son extrémité sud. Le batardeau de sable qui ferme la lagune est encore visible dans le prolongement de la rue des Glaïeuls.

Les années 70 à 90

À partir des années 70 et suite à la mise en place du batardeau et à la déconnexion de la lagune avec l’océan, on assiste au passage d’un système de bancs de sable (régulièrement recouverts par les marées et les tempêtes) à un système dunaire comme le souligne l’étude Stucky : « La dune s’est développée initialement à partir des années 1970 par apport éolien de sable sur la flèche sableuse d’origine marine » (Etude pour la réhabilitation du fonctionnement hydro-écologique de la Casse de la Belle-Henriette, 2000).

Le système dunaire va donc d’abord s’appuyer sur les bancs de sable, se renforcer et prendre de la hauteur. Pour autant, il est toujours soumis à des érosions et des ruptures localisées. Jusque dans les années 1985, les surverses ont une fréquence annuelle et « se produisent de manière privilégiée au nord/ouest de la flèche (Rouillères) et au sud-est (près du batardeau) » (STUCKY, 2000), puis leur fréquence diminue.

Néanmoins, un certain nombre d’évènements continuent de se produire, comme les brèches de 1990 et 1999. Comme le rappelle la thèse d’E. Déat (Morphogénèse et évolution récente de la flèche sableuse et de la lagune de la Belle-Henriette – Propositions de restauration et de gestion du site. Université de Bretagne Occidentale), toutes ces surverses, mais aussi les brèches apparues au cours des années 80 et 90, ont systématiquement fait l’objet d’interventions mécaniques pour les refermer et maintenir la lagune déconnectée de l’océan.

De nombreuses tempêtes tout au long du XXe siècle… et puis Xynthia

Jusqu’à Xynthia, le secteur de la Belle Henriette a connu une quinzaine de tempêtes majeures avec des conséquences notables sur le littoral (surverses, brèches, passes). Des schémas descriptifs des termes, surverse, brèches et passe ainsi qu’un tableau qui répertorie les principales tempêtes sur le secteur sont disponibles ci-après. En 2010, après les dégâts causés sur le cordon dunaire par la tempête Xynthia, les services de l’État ont entrepris des travaux d’urgence afin de fermer les passes entre l’océan et la lagune. Ces travaux ont mobilisé de lourds engins de chantier pour reconstituer un cordon de sable artificiel (digue/dune), localement renforcé par des big-bags (secteur des Vieilles Maisons à La Faute-sur-Mer).

« Durant l’hiver 2013-2014, un flux d’ouest à sud-ouest perturbé a dominé sur l’Europe de l’ouest, apportant sur la France de nombreuses tempêtes, d’abondantes précipitations et une douceur exceptionnelle. Les précipitations ont été particulièrement abondantes sur la façade ouest du pays et dans le sud-est. Avec plus de cinquante jours de pluie, la fréquence des précipitations a été exceptionnelle du littoral atlantique aux côtes de la Manche. (Météo France, 2014). L’ensemble de la lagune s’est donc rapidement retrouvé complètement inondé par les eaux de pluie.

Au cours du même hiver, le littoral du sud Vendée a connu des dépressions et de fortes tempêtes accompagnées d’importantes surcotes. Plusieurs dizaines de dépressions et huit évènements tempétueux se sont succédés sur la façade atlantique.

Chacune de ces tempêtes a provoqué des érosions du cordon dunaire puis des surverses d’eau de mer (voir schéma) au nord de la lagune en particulier sur le secteur des Mizottes et des Violettes.

En mars 2014, le volume cumulé d’eau de pluie et d’eau de mer, a généré une pression interne trop importante sur le cordon dunaire déjà largement érodé par les sept tempêtes hivernales. Le 02 mars 2014, le cordon dunaire cède sous la pression de l’eau et une passe (voir schéma) de 25 mètres de large reconnecte la lagune à l’océan. La vidange du volume d’eau présent dans la lagune à cette date, ainsi que la tempête Christine des 03 et 04 mars 2014 l’ont immédiatement conforté et élargi.

Si l’hiver 2014-2015 a été relativement peu tempétueux, n’entrainant que très peu d’évolutions géomorphologiques notables, l’hiver 2015/2016 a, comme celui de 2013-2014, été marqué par le passage de plusieurs tempêtes alliant vents forts et très forte houle, en particulier au début du mois de février 2016. Ces multiples tempêtes ont eu un certain nombre de conséquences sur le cordon dunaire avec par endroits des accrétions sableuses conséquentes, sur des secteurs en érosion les années antérieures et à d’autres, une érosion et un recul du cordon dunaire jusqu’à plusieurs dizaines de mètres.

En 2016-2017, l’évolution a été marquée par une importante phase d’érosion sur le secteur de Bellevue, des Indochinois et des Vieilles Maisons, avec par endroits un recul de trait de côte et la création de zones de surverse. La dune a laissé place à un banc de sable à l’intérieur de la lagune.

En janvier 2018, une nouvelle passe se forme sur le secteur de la Bergerie. Au cours de l’hiver 2019-2020, les deux premières passes poursuivent leur dérive du nord vers le sud et finissent par rejoindre la troisième passe qui à l’inverse ne dérive pas du tout au sud.

Évolution récente de la lagune

Voir aussi…

1 – Formation du Littoral

Pour comprendre la formation de la lagune de la Belle Henriette au cours du XXe siècle et comprendre son évolution actuelle, il faut remonter le temps.

2 – Formation de la lagune

Les documents les plus complets et les plus scientifiquement aboutis traitant de la formation et de l’évolution de la lagune de la Belle Henriette sont ceux d’Abel Bouhier et de Jean-Pierre Pinot.

3 – Évolution récente de la lagune

Progressivement formée au cours du XXe siècle, la Belle Henriette est l’une des dernières véritables lagunes de la côte atlantique. En 2014, elle s’est naturellement reconnectée à l’océan et évolue désormais au gré des influences marines.