Espèces animales et végétales

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La richesse et la diversité du vivant sont exceptionnelles sur la réserve car loin d’être une régression sur le plan écologique, la reconnexion de la lagune à l’océan en 2014 (après presque 40 ans de déconnexion artificielle) s’accompagne de l’apparition d’habitats naturels rares et de paysages uniques entre terre et mer. Elle est ainsi redevenue un espace d’alimentation et de croissance pour les poissons et une importante zone de production de phyto et zooplancton, à la base de toutes les chaines alimentaires marines.

Plus de 250 espèces ont été observées sur la réserve naturelle et plusieurs d’entre elles sont considérées comme patrimoniales ou remarquables.

En fonction de la période de l’année, on notera :

– En hivernage : le Hibou des marais sur certains secteurs de dunes préservés du dérangement ou encore la Bernache cravant dont les stationnements hivernaux augmentent sur le site suite à la reconnexion de la lagune à l’océan,

– En reproduction : la réserve est un site intéressant pour des espèces telles que le Gravelot à collier interrompu, le Petit Gravelot, la Gorgebleue à miroir, les pipits farlouse et rousseline et plus rarement l’Engoulevent d’Europe.

– En migration : le Balbuzard pêcheur et la Sterne Caspienne, qui étaient rares sur la lagune avant sa reconnexion à l’océan, sont maintenant régulièrement observés en fin d’été et début d’automne.

D’autres espèces dignes d’intérêt fréquentent également la réserve naturelle à différents moments de l’année comme, pour n’en citer que quelques-unes, la Spatule blanche, le Tadorne de Belon ou encore le Bécasseau sanderling…

En haut à gauche : Hibou des marais (Sanchez)-  En haut à droite : Balbuzard pêcheur (Osprey)- En bas à gauche : Gorge bleue à miroir blanc (Dia) – En bas à droite : Gravelot à collier interrompu sur un nid (RNN BH).

Du fait de la diversité de milieux qui composent la réserve (dunes et bancs de sable, prés salés, pinède littorale…), les insectes y sont omniprésents… même si on ne les voit pas toujours !

La lagune est d’ailleurs un des sites les plus riches de la région Pays de la Loire pour la diversité et la valeur patrimoniale des insectes qu’elle abrite. Parmi les groupes d’insectes d’importance nationale ou locale connues sur le site, certains font l’objet de suivis réguliers. C’est par exemple le cas du Criquet des salines dans les pré-salés ou encore des cicindèles et de certains papillons nocturnes liés aux milieux dunaires.

En haut à gauche : Oedipode des saline (Dollé) – En haut à droite : Nébrie des sables – En bas à gauche  : Cicindèle hybride – En bas à droite : Cicindèle martime (Al meida).

La réserve compte actuellement 29 espèces de poissons dont 90 % sont strictement marines. Parmi elles, on recense notamment de nombreux Bars communs et mulets de petite taille qui occupent la lagune les trois quart de l’année, lui conférant avec certitude un rôle de nurserie. La lagune permet donc le repeuplement de tout le Pertuis Breton en jeunes poissons. En effet, la très forte production de phyto et zooplancton de la lagune permet d’alimenter toutes la chaine trophique de l’océan et, en premier lieu, les juvéniles de poissons. Ainsi, les lagunes telles que celle de la Belle Henriette font partie des écosystèmes les plus productifs au monde et sont donc, d’une manière ou d’une autre, indispensables à la vie dans les océans.

En raison de la diminution de leurs populations, le Bar commun, l’Anguille et l’Hippocampe sont les espèces menacés pour lesquelles la réserve joue un rôle de conservation. Pour cette dernière espèce singulière par sa forme et sa biologie, les dernières observations sur l’estran sont malheureusement assez anciennes.

Trois espèces vivant également en eau douce (Anguille, Epinoche à trois épines, Gambusie) sont présentes sur la réserve. Ces espèces dites amphihalines ont été capturées dans la lagune où la salinité peut varier un peu plus en raison de la présence de nappe souterraine d’eau douce.

En haut à gauche : Bar – En haut à droite : Mulet doré – En bas à gauche : Anguille – En bas à droite : sole

La macrofaune benthique regroupe les organismes non vertébrés dont la taille est comprise entre un millimètre et un décimètre et dont au moins la forme adulte vit dans le sol marin (sableux, vaseux ou sablo-vaseux). A partir de suivis menés depuis plusieurs années sur la réserve, 59 espèces fréquentant les fonds sableux et vaseux (sur l’estran océanique et lagunaire) y ont été recensées.

Coques, tellines, couteaux et mactre (coquillages), néréides (vers), ophiures (échinoderme) occupent les fonds sableux ou légèrement vaseux de la réserve dans lesquels ils s’enfouissent pour échapper aux prédateurs à marée basse. Ils cherchent ainsi à se mettre hors d’atteinte des oiseaux limicoles côtiers, comme l’Huîtrier pie ou les bécasseaux, grands consommateurs de la macrofaune benthique.

Concernant les coques, la réserve dispose de la dernière population d’importance répertoriée en sud-Vendée. Le peuplement présent sur la réserve est exploité par les pêcheurs de loisir. Un suivi initié en 2014 a mis en évidence la faible taille des individus inventoriés et donc l’extrême fragilité du peuplement.

En haut à gauche : Différentes espèces de bivalves – En haut à droite : prélèvement de la macro faune benthique pour analyse – En bas à gauche : Spisule (Spisula) aussi appelée Venus – En bas à droite : Différentes tailles de coque (Cerastoderma edule).

Les 20 mammifères inventoriés sur la réserve sont essentiellement terrestres. Il s’agit notamment du Lapin de garenne, du Chevreuil européen, du Sanglier, du Renard roux ou du Blaireau d’Europe… Quant aux mammifères marins, seul le Phoque veau-marin a jusqu’alors été observé depuis la création de la réserve.

Les chauves-souris n’ont pas fait l’objet de suivis particuliers mais les quelques observations et écoutes ont permis de confirmer la présence d’au moins 2 espèces : la Sérotine commune et le Murin de Daubenton dont la migration nocturne de plusieurs centaines d’individus peut s’avérer impressionnante.

Enfin, il ne faut pas oublier la présence exceptionnelle de la Loutre d’Europe qui marque régulièrement son territoire en bordure de site.

En haut à gauche : Murin de Daubenton par G. Guerding – En haut à droite : Phoque commun par Wolf 359 – En bas à gauche : Chevreuil par C. Hollingsworth – En bas à droite : Loutre d’Europe  par MarKayShadow.

Les différentes prospections et suivis menés sur la lagune depuis plus de 25 ans, sur les milieux dunaires, la lagune et les mares ont permis de recenser 8 espèces protégées. La réserve constitue par ailleurs un des derniers bastions du littoral atlantique pour le Pélobate cultripède, espèce menacée à l’échelle nationale et européenne. Deux autres espèces à haute valeur patrimoniale sont également présentes, le Pélodyte ponctué et le Crapaud calamite. Ces amphibiens se reproduisent sur la réserve notamment grâce aux mares restaurées et/ou créées en 2016.

En ce qui concerne les reptiles, 6 espèces sont présentes avec entre autres le Lézard à deux raies, les couleuvres helvétique, verte et jaune ou encore la rare vipérine, parfois observée en bordure des mares.

En haut à gauche : Pélodyte ponctué (RNNBH) – En haut à droite : rainette méridionale (RNN BH) – En bas à gauche : Pelobate cultripède (RNN BH) –  En bas à droite : Crapaud calamite (RNN BH).

Après avoir été artificiellement déconnectée de l’océan durant une quarantaine d’années, la lagune est de nouveau et naturellement en relation avec la mer depuis 2014. Cela a eu comme conséquence le passage d’un système lagunaire d’habitat générique « dépressions humides intradunales » de type « mare dunaire » (code 2190-1 eur15) à un système lagunaire de type « lagune en mer à marée » (code 1150 eur15) prioritaire au niveau européen. Ce passage s’accompagne d’une importante évolution de la végétation sur le secteur « lagunaire » avec une disparition progressive mais rapide des habitats doux et subhalophiles de type roselière, mégaphorbiaie ou encore de prairies hautes des niveaux supérieurs atteints par la marée (EUR15 : 1330-5). Et compte tenu du caractère marin et des surfaces submergées à marée haute, cela se traduit également par la mise en place, là aussi progressive mais très rapide, d’une mosaïque d’habitats allant selon la microtopographie du « pré salé du bas schorre » (EUR15 : 1330-1) au « pré salé du contact haut schorre/dune » (EUR15 : 1330-4).

Cette évolution naturelle (en fait un retour à une situation qui existait depuis la formation de la lagune au début du XXe siècle jusqu’à sa déconnexion artificielle en 1972) s’accompagne d’une transformation rapide des habitats de type lagune « fermée » vers des habitats de type lagune « ouverte » connectée à l’océan, aux fonctions écologiques largement aussi intéressantes notamment pour les limicoles avec le développement de vasières ou encore l’ichtyofaune avec le développement de la fonction de nourricerie.

Onze pour cent des espèces végétales présentent un enjeu de conservation national, l’une d’elle, l’Euphorbe péplis (Euphorbia peplis) est d’ailleurs considérée comme taxon prioritaire. Les autres espèces sont des endémiques (ou sub-endémiques) françaises ce qui leur confère un intérêt conservatoire considérable. Cet intérêt se double pour certaines d’une valeur biogéographique notoire : le Silène de Thore (Silene vulgaris ssp. thorei) trouve ainsi dans le secteur de la Belle Henriette les stations les plus septentrionales de sa petite aire d’endémisme franco-aquitain.

Au regard du nombre de stations sur la réserve et de leur valeur patrimoniale, l’Œillet de France, l’Euphraise de Jaubert ont un enjeu de conservation national. Vingt-deux espèces (49 % du total des espèces patrimoniales) sont cantonnées dans les milieux dunaires de divers types, la dune boisée apparaissant comme le plus riche (8 espèces). En termes de nombre de stations, c’est toutefois la dune mobile qui concentre le plus grand nombre (près du tiers) en raison d’espèces très fréquentes sur la réserve (mais très rare ailleurs) comme la Luzerne marine, le Silène de Thore ou le Panicaut maritime. Les populations de la flore patrimoniale présente sur le site sont importantes et confèrent à la réserve un rôle crucial dans la conservation régionale des taxons liés au système dunaire.

Avant la reconnexion à l’océan, les milieux humides ou subhumides de la « lagune » et de ses abords concentraient presque autant d’espèces (n=19, soit 42% du total des espèces patrimoniales) mais seulement 7.5% du nombre de stations (contre 71% pour le milieu dunaire). Depuis la reconnexion, les stations de ces espèces ont aujourd’hui quasiment disparu ou sont très dégradées.

En dehors du recul des dunes fixées et de la flore patrimoniale associée, les évolutions liées à la reconnexion de la lagune à l’océan sont donc loin d’être négatives. En effet, l’apparition de végétations halophiles soumises à la marée est d’un grand intérêt botanique et écologique reconnu à travers le caractère prioritaire de l’habitat « lagune en mer à marée » au niveau européen.

En haut à gauche : Luzerne marine (RNN BH) – En haut à droite : Silène de Thore (RNN BH)  En bas à gauche : Ophrys passionis (RNN BH)  En bas à droite : Œillet de France (RNN BH)

Comme sur de nombreux autres espaces naturels, la lagune de la Belle Henriette n’est pas épargnée par la présence de ce que l’on qualifie d’EEE pour Espèce Exotique Envahissante. Si toutes ne sont pas exotiques, la très grande majorité sont des « échappées des jardins », vendues en magasins de jardinage ou chez les pépiniéristes. Certaines d’entre elles s’accommodent très bien des conditions que lui offre la nature et se rependent parfois rapidement et sur de grandes surfaces au détriment de la flore, voire même de la faune locale.

Sur la réserve, on trouve ces espèces envahissantes à peu près sur tous les types d’habitats mais surtout sur les milieux dunaires. C’est d’ailleurs dans les dunes que se développent les colonies de Yucca, l’Ailante (ou Faux vernis du Japon) ou encore le Seigle de mer (Leymus arenarius). Ce dernier ressemble beaucoup à l’Oyat (Ammophila arenaria) mais c’est en fait son concurrent sur la dune vive.

Le Baccharris halimifolia et l’Herbe de la pampa se retrouvent quant à eux dans les zones plus basses, plus humifères et plus humides.

Toutes ces plantes font l’objet d’actions de lutte menées par l’équipe de gestion.

En haut à gauche :  Yucca (K. Schneider) – En haut à droite : faux oyat– En bas à gauche : Ailante (O. Titus)  – En bas à droite : Baccharris halimifolia