Formation de la lagune
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De nombreux documents inégalement fiables traitent de la formation et de l’évolution de la lagune de la Belle Henriette.
Les plus complets et les plus scientifiquement aboutis sont ceux de A. Bouhier (Aspects morphologiques de la partie occidentale du Marais Poitevin, édition Norois, 1957) et de J.P. Pinot (Remarques sur la formation et l’évolution de la lagune dite de la Belle Henriette et sur les moyens de guider son évolution future, 1981) dont nous reprendrons ci-après les principaux éléments. Nul besoin de réécrire ou paraphraser les résultats de travaux dont la restitution écrite par les auteurs est parfaitement compréhensible et dont le vocabulaire et la synthèse sont d’une grande précision.
Avant toute chose, et pour se faire une représentation de la configuration du littoral avant la formation de la lagune, vous pouvez consulter la comparaison faite par l’IGN entre la forme actuel du littoral du sud Vendée et sa configuration assez précise au 18 ème siècle via les cartes de Cassini.
Vous noterez :
- la présence de l’estuaire du Lay au niveau de l’actuelle Belle Henriette ;
- l’absence de la Pointe d’Arcay ;
- le caractère insulaire du Rocher de la Dive.
Nous vous proposons également ci-dessous, une série de carte du 18ème et 19ème siècle montrant d’abord l’absence de la pointe d’Arcay et donc un estuaire du Lay localisé à l’emplacement de l’actuelle Belle Henriette. On observe ensuite la formation progressive de la pointe d’Arcay qui décale progressivement avec elle l’estuaire du Lay vers le sud.
Carte du milieu du 17eme siècle (1679) , l’estuaire du Lay se situe à l’emplacement de l’actuelle Belle Henriette et la pointe d’arcay n’existe pas encore. Carte : Évéché de Luçon G. Sanson 1679
Carte du milieu du 17eme siècle (1688) représentant l’estuaire du Lay à l’emplacement de l’actuelle Belle Henriette et sur laquelle la pointe d’arcay n’existe pas encore . Carte : La Généralité de La Rochelle – J-B Nolin Gaudillat – 1688
Carte du début du 18eme siècle (1702) montrant le début de formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay vers le sud . Carte : Ile de Re et environs Charles Allard 1702
Carte du début du 18eme siècle (1716) montrant le début de formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay vers le sud . Carte : Carte Partie Bas Poitou Aunis Saintonge Ouest 1716
Carte du milieu du 18eme siècle (1721) confirmant la formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay vers le sud . Carte : Carte generale cotes Aunis Santonge Claude Masse 11721
Carte du milieu du 18eme siècle (1757) confirmant la formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay vers le sud . Carte : 1757 Partie Poitou Aunis Louis Brion_de la Tour 1757
Carte du milieu du 19eme siècle (1831) montrant la rapidité de formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay toujours plus loin vers le sud . Carte : Carte particuliere Pertuis Breton Charles Francois Beautepms Beaupre 1831
Carte de la fin du 19eme siècle (1895) montrant la rapidité de formation de la pointe d’Arcay et le décalage de l’estuaire du Lay toujours plus loin vers le sud . Carte : Atlas Ports France 1895
Au début du XXe siècle
C’est à Edmond Bocquier, instituteur à Fontenay le Comte et son ami M. Métay que l’on doit les premiers renseignements sur la naissance et la progression de la flèche de la Belle Henriette dans les années 1910 et 1920 :
« J’observe une langue de dépôt qui, partant du rocher de Sainte Anne, se développe de plus en plus dans la direction de l’anse de la Belle Henriette. C’est une forme très courte […] derrière laquelle commence tout juste à se former un petit herbu (pré salé) ».
La flèche (banc de sable) n’a alors probablement qu’une dizaine d’années, mais E. Bocquier note déjà les éléments d’une lagune en formation. Ce qui est décrit ici par l’instituteur est aujourd’hui encore parfaitement visible depuis la passerelle des Mizottes (devant le camping de la Belle Henriette).
Lagune de la Belle Henriette, entre les Prises et la ferme de la Marie Louise. La lagune est alors strictement marine. 1911.
Lagune de la Belle Henriette, entre les Prises et la ferme de la Marie Louise (même emplacement que la précédente photo). Des soldats réalisent des travaux de confortement après une tempête. 1911
Lagune de la Belle Henriette, entre les Prises et la ferme de la Marie Louise. Des soldats réalisent des travaux de confortement après une tempête. La prise de vue est opposée aux 2 précédentes photos. 1911
Des années 20 aux années 30
« En 1928, on dispose de cartes dues au fait que, cette année-là, de fortes houles, se réfractant sur le prolongement submergé de la flèche, firent dangereusement reculer la côte en menaçant la route ; la flèche a déjà plus de 3 km de long, et six grands crochets, dont chacun, repoussa vers la côte le volume oscillant, a sapé l’ancien littoral. En 1937, la flèche a encore gagné quelques centaines de mètres. Pendant toute cette époque, la flèche est assez étroite, et le front dunaire est bien plus proche de la route entre la Tranche-sur-Mer et la Faute-sur-Mer. »
Des années 30 aux années 50
« L’allongement se poursuit jusqu’en 1950, où la flèche, parvenue en face du bourg de la Faute-sur-Mer, a 4.5 km de long. L’amont de la lagune avait été coupé en 1947 de la mer par une digue, la « digue des Indochinois », afin de réduire le volume oscillant, car le passage des eaux avait créé devant la plage de la Faute un chenal difficile à traverser. »
« Peu après 1950, des passages importants d’eau (surverses) par-dessus la dune lors d’une série de tempêtes jetèrent dans l’étang [lagune] tant d’eau que la digue des Indochinois fut rompue, tandis qu’une brèche dans le cordon dunaire [banc de sable] se créa à mi longueur. »
Plage de la Faute sur mer. On voit d’imposants blocs de béton issus de la digue et témoignant de la violence des tempêtes du printemps 1928 et de l’automne 1930. Boiral.
Anse des Vieilles maisons, vue depuis l’actuel camping des Tulipes en direction de la dune des Mouettes.
L’anse des Vieilles maisons vue en sens inverse. Au niveau des pins en arrière plan, sont actuellement implantés les campings des Violettes et des Tulipes. Tout au fond le village de la Faute sur mer.
Lagune de la Belle Henriette, anse des Mouettes. En arrière plan la dune de Bellevue et tout au fond (trait blanc), la digue de la Belle Henriette. Boiral
La dune des mouettes vue depuis l’actuel accès du camping de la Siesta. En arrière plan on voit le secteur de dune boisée de Bellevue.
Lagune de la Belle Henriette, anse des Mouettes. En arrière plan la dune de Bellevue. Il s’agit du même point de vue que la photo précédente mais en contre bas. Boiral, années 1930.
L’anse des Mouettes mais à marée haute, prise du haut de la dune depuis le secteur de Bellevue en direction de celui des Indochinois. Ed.Jehly-Poupin
La dune des Mouettes, prise depuis le secteur de Bellevue en direction de celui des Indochinois. On visualise bien la caractère marin de la lagune et la présence de banc de sable en arrière plan. Années 1930-Ed-Barraud.
L’anse des Mouettes à marée haute. A l’époque la lagune était largement ouverte sur l’océan et parfaitement navigable pour les « plates » qui venaient s’y mettre à l’abri. Ed. Jehly-Poupin.
Le même endroit en octobre 1980. La lagune est alors artificiellement déconnectée de l’océan depuis une dizaine d’années. DDTM/DML85.
Anse entre Bellevue et les Indochinois. En arrière plan on distingue des bancs de sable en cours de végétalisation….comme aujourd’hui.
Des années 50 aux années 60
« En 1968, ce moignon [banc de sable] de grande largeur a repris sa progression vers le sud-est, et les riverains craignent le retour à la situation d’avant 1947, avec une traversée de dune encore plus longue avant d’arriver à la plage. On décidera à la fin de 1970 la construction d’une digue de sable, appelée batardeau, en travers de l’issue de la lagune, de façon à faire complètement cesser l’entrée et la sortie d’eau de mer : ainsi il n’y aura plus de chenal devant la plage de la Faute-sur-mer. La mise en place du batardeau a eu pour effet […] de supprimer le renouvellement régulier de l’eau de mer dans la lagune, les entrées ne se faisaient plus que lors des surverses, et le marais maritime a évolué en marais semi terrestre, avant de se transformer, du moins à l’amont, en simple zone humide d’eau douce »
Sur cette photo on distingue la passerelle ou se trouve aujourd’hui l’accès à « Grand plage ». Le merlon de sable correspond lui à l’accès des Bélugas. Gaby-Artaud Père et fils.
bancs de sable devant la digue ouest au niveau de la Chenolette. A cette époque la lagune est encore largement marine. On note sur la gauche l’absence total de cordon dunaire.
Lagune de la Belle Henriette. Devant le village de la Faute sur mer. Les plages des Belugas, des chardon… n’existent pas encore. IGN 1950
Lagune de la Belle Henriette, secteur des Rouillères. A l’poque ce secteur est encore connecté à l’océan à marée haute de gros coefficient. IGN 1957.
Lagune de la Belle Henriette. La passe présente à l’époque se situait au même emplacement qu’aujourd’hui devant le Platin. 1958. IGN
Lagune de la Belle Henriette. Anse des Rouillières exactement à l’emplacement de l’actuelle passerelle des Mizottes. 1963. IGN.
Voir aussi…
1 – Formation du Littoral
Pour comprendre la formation de la lagune de la Belle Henriette au cours du XXe siècle et comprendre son évolution actuelle, il faut remonter le temps.
2 – Formation de la lagune
Les documents les plus complets et les plus scientifiquement aboutis traitant de la formation et de l’évolution de la lagune de la Belle Henriette sont ceux d’Abel Bouhier et de Jean-Pierre Pinot
3 – Évolution récente de la lagune
Progressivement formée au cours du XXe siècle, la Belle Henriette est l’une des dernières véritables lagunes de la côte atlantique. En 2014, elle s’est naturellement reconnectée à l’océan et évolue désormais au gré des influences marines.