La formation de la façade littorale du Marais poitevin

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Pour connaitre la formation de la lagune de la Belle Henriette au cours du XX^e siècle et comprendre son évolution actuelle, il faut remonter le temps. Ainsi, dans sa forme actuelle, la façade littorale du Marais poitevin s’est formée à la faveur de 5 flèches sableuses successives.

La Grande Parée 

La première flèche, d’orientation nord/sud, correspond à l’actuelle forêt de Longeville et s’étend du Goulet à Saint-Vincent-sur-Jard à la Pointe du Grouin du Cou à La Tranche-sur-Mer. Dans son ouvrage « Aspects morphologiques de la partie occidentale du Marais Poitevin » aux éditions Norois (1957), Abel Bouhier, Professeur agrégé de géographie à l’Université de Poitiers, affirme avec certitude que cette flèche transformée en massif dunaire était déjà bien présente au Moyen Âge (du V^e au XV^e siècle) et dans un état à peu près semblable à son état actuel.

Représentation des différentes « flèches » sableuses à l’origine de la fermeture du golf des Pictons et de la formation du marais poitevin.  Fond de carte ESRI shraded relief,  RNN Belle Henriette.

La Grière

La seconde flèche, la flèche d’orientation ouest/est, s’étend depuis le Rocher de l’Aunis (Pointe du Chiquet) à La Tranche-sur-mer jusqu’à la Pointe du Rocher et intègre les lieux-dits du Maupas, de la Grière, du Rocher, de Sainte Anne et des Jars. Selon A. Bouhier, le changement d’orientation du cordon dunaire par rapport à la précédente flèche s’expliquerait simplement par la disposition de l’affleurement rocheux servant de « platier support », qui, depuis la Pointe du Grouin du Cou, prend la direction de l’Est.

À propos de cette flèche qui se serait constituée au début du XVII^e siècle, A. Bouhier précise « Il ne s’agit, au total que d’un maigre rideau sablonneux, plus épais à l’ouest, de la Grière à la Pointe du Rocher, plus débile à l’est, du Rocher à la Belle Henriette. A cet endroit, au début du XX^e siècle […] les sables étaient encore très frais et la dune mal consolidée ». Jean-Pierre Pinot, dans ses « Remarques sur la formation et l’évolution de la lagune dite de la Belle Henriette et sur les moyens de guider son évolution future » (1981) décrit ce même secteur comme suit « tantôt le Lay se jetait directement dans l’océan, tantôt au contraire les sables apportés par le balayage des fonds au sud de la Tranche, et par la dérive littorale, en barraient l’issue normale, et, constituant progressivement une flèche de sable de direction est/ouest, puis progressivement déviée vers le sud/est, décalaient l’estuaire vers des positions situées de plus en plus au sud/est […]». La flèche sableuse ici évoquée en formation correspond à l’actuelle pointe d’arcay.

La Pointe de l’Aiguillon

La troisième flèche, celle de la Pointe de l’Aiguillon, a assez peu évolué au cours des derniers siècles (en comparaison aux flèches d’Arcay et de la Belle Henriette).

La Pointe d’Arçay

La quatrième flèche, celle d’Arcay donc, prolonge la seconde et s’allonge de la ferme de la Belle Henriette à la Pointe de la Roche. Le Professeur Bouhier différencie cette flèche de la seconde pour deux raisons : la première, c’est son orientation Nord/Sud et la deuxième, c’est sa genèse plus tardive (fin du XVII^e siècle).

La Belle Henriette

La cinquième flèche, la plus récente, part du point de jonction entre la seconde (la Grière) et la quatrième flèche (Arcay) et s’avance en parallèle de cette dernière. Elle correspond à la flèche de la Belle Henriette dont la croissance, tout au long du XX^e siècle, donnera naissance à un système dunaire et à la lagune du même nom.