Suivis faunistiques

Ces différents suivis permettent de mieux connaitre et de suivre l’évolution de la faune présente sur le Belle Henriette. En voici quelques exemples à travers 5 groupes faunistiques.

La réserve et ses discrets amphibiens

Les huit espèces (faire un lien vers la page faune/amphibiens du patrimoine naturel de la RNN) fréquentant la réserve sont particulièrement nocturnes. Peu de chance pour vous d’entendre les crapauds ou grenouilles en vous promenant en pleine journée sur la réserve !

Le cortège de milieux dunaires, la présence de mares temporaires ou permanentes et une vaste ressource alimentaire (insectes, crustacés, araignées, gastéropodes, etc.) offrent toutes les composantes nécessaires au développement de ces amphibiens.

La restauration d’une mare et la création de trois autres ont généré de nouvelles zones de reproduction. Situés hors de l’influence marine et à l’abri des regards, elles sont régulièrement prospectées par l’équipe de gestion.

Le suivi « Amphicapt »

Une écoute préalable des chants d’amphibiens autour des mares au début du mois de mars permet d’avoir une idée des espèces présentes en période de reproduction. Ensuite, le protocole  “Amphicapt” consiste à immerger des seaux munis d’entonnoirs dans 3 des 4 mares de la réserve durant 3 nuits successives aux mois de mai et juillet. Ces pièges vont permettre la capture des têtards et ainsi d’identifier avec certitude les espèces qui se sont reproduites dans chacune des mares et en quelles proportions…

Lien vers le Protocole commun de suivi des amphibiens des mares à l’aide d’Amphicapt.

Le suivi de la reproduction

Ce suivi mené en parallèle du précédent consiste à parcourir les sites pendant toute la période de reproduction et d’observer des couples en action d’accouplement (amplexus). Cette opération permet de préciser les espèces présentes et le sexe des individus observés. En complément, la réalisation de 10 coups d’épuisette dans chaque mare permet la recherche d’adultes ou têtards d’espèces non répertoriées avec le dispositif Amphicapt.

Le Pélobate cultripède… un amphibien rare et menacé

Amphibien parmi les plus menacés de France et d’Europe, le Pélobate cultripède est l’une des espèces emblématiques de la réserve. Particulièrement rare sur la façade atlantique, il fait l’objet d’une attention toute particulière sur les dunes et la lagune de la Belle Henriette depuis des décennies.

Chaque année, des prospections nocturnes spécialement dédiées à cette espèce se font sur les milieux dunaires et les plages. Elles permettent d’effectuer un dénombrement et ainsi de mieux cerner sa répartition spatiale. Ce suivi sera bientôt très largement renforcé par un suivi des individus via transpondeur (puce). Après capture et pucage, il sera ainsi possible de connaitre avec certitude les déplacement d’individus pucés, à l’intérieur comme en périphérie de la réserve.

En haut à gauche : Pélodyte ponctué (RNNBH) – En haut à droite : rainette méridionale (RNN BH) – En bas à gauche : Pelobate cultripède (RNN BH) –  En bas à droite : Crapaud calamite (RNN BH)..

Inventaire des poissons et suivi de leurs populations

Depuis sa formation au début du XXe siècle, la lagune de la Belle Henriette a majoritairement été occupée par des poissons marins. Cela excepté durant une trentaine d’année (années 70 à 2000) au cours desquelles la partie lagunaire était isolée de l’océan. L’eau devenue douce à saumâtre avait alors permis l’apparition d’espèces dulçaquicoles, comme les gambusies ou les épinoches, et conduit à la disparition des espèces marines.Depuis 2014, la lagune est de nouveau connectée à l’océan et les poissons marins sont de retour…

Capture et mesures

L’équipe de la réserve mène des suivis scientifiques afin de confirmer la fonction de reproduction, de croissance et d’alimentation de la réserve pour l’ichtyofaune (poissons) et de zone de nourricerie pour les juvéniles de nombreuses espèces.

Trois fois par an, en mai, juillet et septembre, 3 filets (verveux, filet trémail et filet droit) sont utilisés pour capturer les poissons. Disposés les uns derrière les autres en travers d’un chenal de marée, ils permettent de piéger les poissons qui suivent la marée descendante vers l’océan.
Les filets sont relevés toutes les 20 minutes et à chaque relevé, les individus capturés sont identifiés, mesurés et pesés. Une fois ces biométries effectuées, les filets sont remis à l’eau pour un autre échantillonnage. Ce cycle échantillon-relève est réalisé jusqu’à marée basse. Tous les poissons sont remis à l’eau et seuls quelques individus de très petite taille sont conservés pour des analyses en laboratoire.

Analyse en laboratoire

Les individus conservés après les captures sont ensuite déterminés, dénombrés et pesés à l’aide d’une balance de précision subcentimétrique.
Afin que cette action rentre dans le cadre du volet « nourricerie poissons-prés salés » de « l’Observatoire Patrimoine Naturel Littoral » suivis par plusieurs sites protégés littoraux, cinq autres suivis sont effectués :
• Analyse des contenus stomacaux des poissons afin d’identifier les proies ingérées ;
• Identification de la végétation des pré-salés concernés par le chenal de capture ;
• Inventaire de la macrofaune benthique, des macro invertébrés et des planctons dans les chenaux et les prés salés  proches des zones de capture

L’analyse des résultats des premières pêches a permis de rajouter 5 espèces à l’inventaire (Sprat, Anchois, Athérine, 2 espèces de Gobies) et de confirmer la présence de nombreux juvéniles (Bar commun, Bar moucheté et mulets) dans la lagune entre mai et octobre.

En haut à gauche : Bar – En haut à droite : Mulet doré – En bas à gauche : Suivi de l’ichtyofaune de la réserve – En bas à droite : sole

Les différents suivis ornithologiques sur la réserve naturelle de la Belle Henriette

Comme pour de nombreux autres groupes faunistiques présents sur la réserve de la Belle Henriette, celui des oiseaux fait l’objet de plusieurs suivis biologiques. Si les espèces nicheuses remarquables sont particulièrement suivies, les autres, migratrices et hivernantes, le sont également.

Suivi du Gravelot à collier interrompu

Le Gravelot à collier interrompu est un petit échassier gris-brun dessus et blanc dessous. Son demi-collier sombre s’interrompant sur les côtés de la poitrine est caractéristique tout comme son bec et ses pattes de couleur noire. Il niche exclusivement dans des milieux peu végétalisés proches de l’océan (hauts de plages, dunes, parfois marais salants…). C’est une espèce assez rare dont l’effectif national est estimé entre 1500 et 2000 couples dont moins d’une centaine en Pays de la Loire. Chaque année, d’avril à août, les nids sont donc recherchés sur les secteurs favorables de la réserve puis géoréférencés à l’aide d’un GPS. Ils font ensuite l’objet d’un suivi discret jusqu’à l’éclosion. Au final, ces données (nombre de nids, taille des pontes et nombre de jeunes volants) permettent l’acquisition de connaissances indispensables tant sur l’espèce que sur l’évolution interannuelle de la population de la réserve.

Le suivi des passereaux nicheurs patrimoniaux

Plusieurs espèces remarquables nichent sur la réserve et sont donc suivies chaque printemps. Leur localisation, leurs comportements (chant, parade nuptiale, transport de nourriture…) sont rigoureusement notés. Au final, cela permet au gestionnaire de la réserve d’avoir une vision la plus précise possible du nombre d’individus reproducteurs et de leur répartition sur le site. Ainsi, le Pipit rousseline, peu répandu dans notre pays, est typique des milieux secs et ouverts à végétation clairsemée. On le trouve donc tout logiquement dans les dunes. Son cousin, le Pipit farlouse, plus lié aux prairies humides, est un nicheur rare en Vendée. Les quelques couples qui nichent sur la réserve s’installent dans les milieux herbeux situés entre le pré salé et la dune. Quant à la Gorgebleue à miroir (avec sa sous-espèce namnetum endémique de la côte atlantique française), elle s’installe  sur le haut des prés salés de la lagune.

Le programme STOC ou Suivi Temporel des Oiseaux Commun

Ce suivi national, coordonné par le Muséum National d’Histoire Naturelle, a été mis en place en 2014 sur la réserve. Il consiste à relever, chaque printemps au cours de deux passages, tous les oiseaux vus et entendus pendant 5 minutes sur un point fixe. Une dizaine de points sont ainsi répartis sur l’intégralité de la réserve. Ces relevés sont réalisés chaque année par le même observateur à la même période avec des conditions météorologiques similaires. Ce suivi permet d’avoir une idée de l’abondance d’une espèce dans un milieu donné et, sur le long terme, il permet surtout d’évaluer les tendances d’évolution des espèces nicheuses communes de notre pays.

Les comptages mensuels des oiseaux migrateurs et hivernants

Les comptages font bien sûr partie des outils incontournables sur les réserves naturelles. Sur la Belle Henriette, trois sont réalisés chaque mois. Ils permettent d’obtenir, à partir de protocoles éprouvés et pérennes, un aperçu des populations d’oiseaux présentes sur la réserve tout au long de l’année. Ils sont l’unique moyen d’acquérir les connaissances sur les tendances des différentes espèces à moyen et long terme. Les limicoles migrateurs sont particulièrement suivis ainsi que les hivernants rares comme le Hibou des marais. Le cas échéant, ces suivis peuvent être aussi un outil d’évaluation de la pertinence de mesures de gestion mises en place sur le site (par exemple l’efficacité de la canalisation du public afin de limiter le dérangement).

En haut à gauche : Courlis corlieu (Pennington) –  En haut à droite : Pipit rousseline (Lamberti) – En bas à gauche : Grèbe castagneux (Cebeci) – En bas à droite : Bécasseau sanderling (Slater).

Les insectes de la Belle-Henriette

Du fait de la très grande variété des milieux naturels de la réserve (dunes et bancs de sable, prés salés, pinède littorale…), sa diversité entomologique est exceptionnelle. La lagune est d’ailleurs identifiée comme l’un des sites les plus riches de la région Pays de la Loire en la matière. Parmi les quelques espèces d’insectes d’importance nationale ou locale connues sur le site, certaines font l’objet de suivis réguliers.

Le Criquet des salines, une espèce méconnue à l’habitat particulier

D’apparence anodine et parfaitement banale, ce criquet est pourtant l’un des trésors de la réserve. Localisé sur le littoral atlantique entre le Bassin d’Arcachon et la Loire, il ne se rencontre que dans les prés salés. Le suivi mis en place sur la réserve consiste donc chaque été à prospecter les prés salés, à intervalle régulier, le long de tracés toujours identiques. Le nombre d’individus et leur sexe sont ainsi notés, ce qui permettra à moyen terme de connaître l’évolution de la population en fonction du développement de la végétation.

Une beauté carnassière de plus en plus rare : la Cicindèle des estrans

Ce petit coléoptère du haut de plage et des dunes embryonnaires est un prédateur rapide qui se nourrit notamment de « puces de mer ». Rare, il est surtout présent sur le littoral sableux de l’Atlantique et de la Méditerranée. En Pays de la Loire, il ne subsiste maintenant qu’en sud-Vendée où la réserve naturelle constitue un de ses derniers bastions. L’espèce est donc suivie de très près par le biais de transects et toutes ses observations y sont précisément répertoriées.

Pour aller plus loin sur les cicindèles…

Les papillons de nuit, une diversité insoupçonnée

Moins connus que leurs cousins diurnes, les papillons nocturnes sont pourtant bien plus nombreux. Rien qu’en France, on compte ainsi plus de 5000 espèces nocturnes pour à peine plus de 260 diurnes… En quelques années d’inventaire, l’équipe de la réserve a recensé près de 400 espèces ! Attirés par une source lumineuse, les insectes sont identifiés sur place ou collectés pour une détermination ultérieure. Plusieurs espèces patrimoniales liées aux milieux littoraux, comme la Noctuelle de De Graslin ou l’Hadène des sansouires, ont été découvertes sur la lagune.

En haut à gauche : Prospection de l’entomofaune sur la réserve- En haut à droite : reproduction de la Cicindèle des estrans (Eugrapha trisignata) J. Almeida- En bas à gauche : Cicindèle hybride (Ccicindela hybrida) – En bas à droite : Criquet des salines (Epacromius tergestinus) P. Dolé.

La macrofaune benthique regroupe les organismes non vertébrés dont la taille est comprise entre  un millimètre et un décimètre et dont au moins la forme adulte vit dans le sol marin (sableux, vaseux ou sablo-vaseux).

Le suivi de la macrofaune benthique

Après la cartographie des habitats marins de la réserve réalisée en 2015 et les premières données sur la richesse spécifique de la macrofaune benthique, un suivi stationnel de cette faune des milieux intertidaux et de la lagune a été mis en place. Ce suivi est indispensable afin de poursuivre les inventaires et documenter l’évolution des espèces (localisation, densité…) sous l’influence des dynamiques hydro-sédimentaires locales,

Le protocole national utilisé sur la réserve consiste à suivre 3 stations comprenant 3 sous-stations de 3 prélèvements. Cela fait donc… 27 points sur lesquels des prélèvements sont effectués sur un mètre carré et une vingtaine de centimètres de profondeur.

Une fois ces prélèvements tamisés et débarrassés du sable et de la vase, ce qui reste dans le tamis est ensuite collecté pour analyses en laboratoire. Celles-ci permettent en premier lieu la détermination des espèces présentes. Puis, l’analyse des données cumulées sur plusieurs années apporte enfin des réponses concrètes sur l’évolution de la faune de la réserve.

Le suivi des populations de coques

Sur plus de 50 points, le protocole consiste à tamiser un quadrat de 50 x 50 cm de côté sur une profondeur de 10 cm. L’ensemble des bivalves collectés est ensuite trié pour identifier les différentes espèces présentes et effectuer des séries de mesures.

La réserve dispose du dernier gisement important de coques (Cerastoderma sp.) répertorié sur les plages du sud-Vendée. Le peuplement présent sur la réserve est exploité par les pêcheurs de loisir et son suivi a débuté en 2014 dans le cadre du Life+ pêche à pied (programme financé par L’Istrument Financier de l’Europe pour l’Environnement). Il a mis en évidence la faible taille des individus inventoriés et donc la faible capacité de renouvellement du gisement. Le suivi réalisé par l’équipe de la réserve permet ainsi de documenter et d’analyser l’évolution spatiale et surtout démographique du peuplement. Depuis le début des suivis, aucune des coques prélevées n’atteignait la taille minimale réglementaire pour être pêchée par le grand public. Actuellement, aucune coque ne peut donc être légalement pêchée sur la Belle Henriette…

Le suivi est également mis à profit pour analyser les peuplements des autres bivalves filtreurs sauvages et en particulier les genres Donax et Spisula.

En haut à gauche : Différentes espèces de bivalves – En haut à droite : prélèvement de la macro faune benthique pour analyse – En bas à gauche : Spisule (Spisula) aussi appelée Venus – En bas à droite : Différentes tailles de coque (Cerastoderma edule